Montfort et son option préférentielle pour les pauvres (9)

Montfort a connu la pauvreté. La chose est obvie. Pas un seul biographe consulté ne traite de ce sujet que l’on connaît depuis nos tendres années de noviciat. Inutile d’en rajouter.

Mon insistance se fera plutôt sur la vision évangélique de la pauvreté chez Louis-Marie qui devance une théologie mise en exergue par Vatican II.

Qui sont ces pauvres ? Les textes du Magistère sont innombrables qui précisent que les pauvres sont ceux qui souffrent de conditions inhumaines en matière d’alimentation, de logement, d’accès aux soins, d’éducation, d’emploi, de libertés de base. Il s’agit d’une privation grave de biens matériels, sociaux, culturels, qui porte atteinte à la dignité de la personne. « Les ‘pauvres’, dans les multiples dimensions de la pauvreté, ce sont les opprimés, les marginaux, les personnes âgées, les malades, les petits, tous ceux qui sont considérés et traités comme les ‘derniers’ dans la société » (Vita consecrata, n°82). La pauvreté ne se limite donc pas à une pauvreté matérielle. La dimension sociétale de la pauvreté est essentielle : les pauvres sont « les derniers ».

Les justifications en faveur de cette option prioritaire pour les pauvres appartiennent, souligne le Magistère, au cœur même de la foi. En la vivant, le chrétien « imite la vie du Christ » (SRS 42).  Si l’Église « montre son amour préférentiel pour les pauvres et les sans-voix, [c’est] parce que le Seigneur s’est identifié à eux de façon spéciale (Mt 25, 40) » (Ecclesia in Asia, n°34). Selon les paroles non équivoques de l’Évangile, « dans la personne des pauvres il y a une présence spéciale du Fils de Dieu qui impose à l’Église une option préférentielle pour eux » (Novo Millennio Ineunte). C’est le Seigneur lui-même, toujours selon Mt 25, qui vient nous interpeller face aux drames de l’indigence totale (SRS 13). Puisque Jésus est venu « annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres » (Mt 11, 5 ; Lc 7, 22), il est normal que l’Église fasse sienne cette « option pour les pauvres et les exclus » (Tertio Millennio Adveniente, n°51).

Paul VI à Bogota, en 1968 ajoutait à propos des pauvres : « Vous êtes le Christ pour nous…vous êtes un signe, un visage, un mystère de la présence du Christ…vous êtes un sacrement, une image sacrée du Seigneur parmi nous! ».

Voilà ce que Montfort anticipait il y a 300 ans! Quels actes de ta vie te rappellent que le pauvre est le signe, le visage, le mystère de la présence du Christ?

 





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