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Une formation classique

 

Au collège des Jésuites, à Rennes, Montfort reçoit un enseignement classique et littéraire de premier ordre. Voici son cheminement. Avant d’arriver en rhétorique, Louis a passé par quatre classes préparatoires, trois années de grammaire et une année d'humanités. Il a appris le latin et le grec. On exigeait des élèves qu’ils parlent latin entre eux plutôt que le français.  La rhétorique est le couronnement des cours. Louis s’y révèle orateur et poète. La philosophie et les sciences viennent chapeauter cette formation.

De plus, Louis a subi l’influence du classicisme incarné par la génération  1660-1680. On pense à La Fontaine, Molière, Racine, Boileau, Bossuet…Qu’on se rappelle Bourdaloue qui prêche devant la cour avec un succès phénoménal, de 1670 à 1693. Interpénétration par osmose de ce grand courant chez Montfort. Tout cela est vérifiable dans l’éloquence de ses sermons, dans son style percutant, dans ses exposés construits avec rigueur et dans la richesse de ses vers. « Un style par le miracle duquel tout passe » dit François Mauriac.

Qu’on pense aux cantiques de Montfort : 23000 vers répartis en 164 cantiques. Le cantique 127 comprend à lui seul 630 vers. Montfort s’y montre un maître en versification avec tous les agencements possibles de vers et de strophes adaptés aux airs sélectionnés. On voit que Montfort manipule les vers avec aisance comme un artiste son pinceau.

Même les prières de ce Jérémie du XVIIe siècle sont imprégnées de poésie. Je ne citerai que le numéro 28 de sa prière embrasée :

Et vous, grand Dieu, quoiqu'il y ait tant de gloire, de douceur et de profit à vous servir, quasi personne ne prendra votre parti en main? Quasi aucun soldat ne se rangera sous vos étendards? Quasi aucun saint Michel ne s'écriera du milieu de ses frères en zélant votre gloire : Quis ut Deus? 
Ah! Permettez-moi de crier partout : au feu, au feu, au feu!  À l’aide, à l’aide, à l’aide! Au feu dans la maison de Dieu, au feu dans les âmes, au feu jusque dans le sanctuaire!  À l’aide de notre frère qu’on assassine, à l’aide de nos enfants qu’on égorge, à l’aide de notre bon père qu’on poignarde!


                                                                                     Frère Georges Croteau  s.g


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